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Nous ne sommes pas vos proies !

Nous. ne. sommes. pas. vos. proies.

Depuis 2 jours,  le Twitter francais est retourné et divisé par la dénonciation de comportements abusifs et de viols commis par deux youtubeurs.

Il y a six mois, on s’indignait du harcèlement de certains de nos politiques envers leurs collègues, indignation catalysé par l’affaire Denis Baupin.

Le 02 Septembre, Brocke Turner, un étudiant de Stanford, a été libéré après 3 mois de prison ferme alors qu’il avait été condamné pour avoir violé une femme inconsciente. Le légéreté de la peine avait été réclamée par le père du violeur, sous prétexte qu’il n’était pas juste que le futur académique et professionnel de son fils soit remis en question par ces « 2o minutes d’action ».

Ce genre d’histoires, on peut en lire toutes les semaines dans les journaux.

Je ne souhaite pas ici écrire un article qui retrace l’histoire de la culture du viol, ses rouages sociétaux, tous les méchanismes qui la font exister -voire la renforce!-, je veux seulement écrire à tous les violeurs, harceleurs, tous les hommes cis qui pensent avoir des droits sur les corps des femmes*, qu’ils ne pourront pas toujours agir en toute impunité. Un jour viendra où la justice nous protégera, nous harcelé_e_s. Un jour viendra où la société saura condamner les fautifs. Et croyez moi, ce jour-là, ce sera loin d’être agréable pour vous.

Je veux aussi m’adresser aux personnes qui ont vécu le traumatisme causé par ces comportements abjects (qu’ielles le vivent comme un traumatisme ou non, ce me ferait mal qu’on croit qu’il existe une seule réaction/un comportement-type comme réponse « valide » et « possible » à une agression): un jour viendra où notre paroles ne sera plus systématiquement remise en cause, un jour viendra où on pourra aller porter plainte en ayant confiance en la capacité d’écoute et de compréhension des personnes qui se trouveront en face de nous, un jour viendra où personne n’osera commencer à concevoir l’idée que l’on a du faire quelque chose de particulier pour provoquer ces comportements…

La première fois où j’ai été agressée par un homme, j’avais  15 ans. C’était pendant un festival pour enfants. J’en ai parlé, on ne m’a pas cru: j’ai croisé mon aggresseur les quatre années qui ont suivi sur ce même festival. J’ai du le cotoyer à ces occasions, lui dire bonjour. J’ai failli vomir et m’évanouir après avoir été « obligée » de lui faire la bise.

Quand j’y repense, j’en ai toujours la nausée et j’ai eu besoin de plusieurs années pour me rendre compte que je n’avais rien fait pour le provoquer…Combien de fois je me suis pourtant reproché d’avoir porté ce petit haut rouge moulant ET dos-nu…

Sur Twitter, depuis deux jours, je lis des messages adressés aux personnes qui ont dénoncé les comportement des agresseurs, qui me filent la gerne, qui me donnent envie de pleurer et qui me découragent totalement. Mais entre deux « non mais si c’était vrai, ielles seraient aller porter plainte », je lis des tweets qui me redonnent espoir et qui me font croire qu’on va enfin pouvoir museler cette culture du viol qui gangrène ma vie, nos vies.

Et qui me donne envie de crier haut et fort pour messieurs les harceleurs et agresseurs en tout genre: nous ne sommes pas vos proies.

 

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